Méhémet Ali devient vice-roi d'Égypte le 18 juin 1805, après avoir mis fin aux troubles consécutifs à l'intervention française. Après avoir assis son pouvoir sur l'Égypte, il tente à diverses reprises d'accroître son domaine : Soudan, Crète et, dans les années 1830, Syrie et Palestine. Mais l'intervention de l'Angleterre, de l'Autriche, de la Prusse et de la Russie (convention du 15 juillet 1840) oblige alors Méhémet Ali à renoncer à ses conquêtes, malgré le soutien diplomatique de la France.
Par un firman d'investiture du 13 février 1841, le Sultan accorde à Méhémet Ali la possession héréditaire du pachalik d'Égypte avec l'obligation de payer un tribut annuel ; par un second firman, il lui accorde la Nubie, le Darfour, le Kordofan et le Sanaar à titre viager. Mais les conditions mises à cette investiture sont rejetées par les puissances et c'est un nouveau firman du 1er juin, plus favorable au maître de l'Égypte qui fixe les conditions définitives. L'Égypte est ainsi placée à l'égard de l'empire Ottoman dans une situation similaire à celle des principautés de Moldavie, de Valachie ou de Serbie.
D'autres firmans sont accordés par la suite à Ismaïl Pacha pour garantir certains privilèges (27 mai 1866), lui donner le titre de Khédive (8 juin 1867) ou supprimer certaines restrictions (29 novembre 1869, 20 septembre 1872, 25 septembre 1872, 8 juin 1873) et enfin un firman récapitulant les droits et privilèges du gouvernement égyptien à l'occasion de l'investiture de Tewfik Pacha (7 août 1879). Cette investiture était le résultat de l'intervention des puissances pour régler le problème de la dette égyptienne. L'institution d'un contrôle franco-anglais sur les finances du pays avait provoqué une crise avec Ismaïl pacha et les puissances avaient obtenu la révocation de celui-ci, sans que la crise fût réglée pour autant (voir ici).
En ce qui concerne le tribut, son montant représentait le 1/6e du total des dépenses inscrites au budget de 1880.
Source : Archives diplomatiques ; Annuaire de législation étrangère, notamment 1880.
Firman octroyé à S. A. Méhémet Thewfik pacha.
(19 chaban 1296, 7 août 1879)
A notre vizir éclairé Thewflk pacha, appelé au khédivat d'Égypte, avec le haut rang de Sédaret effectif et décoré de nos ordres impériaux d'Osmanieh et de Medjidieh en brillants, que le Tout-Puissant perpétue sa splendeur, etc., etc.
Ismael pacha, khédive d'Égypte, ayant été relevé de ses fonctions le 6 regeb 1296 (26 juin 1879), eu égard à tes services, à ta droiture et à ta loyauté, tant à notre personne qu'aux intérêts de notre empire, à ton expérience des affaires d'Égypte, à ta capacité pour réformer la mauvaise situation dont souffre ce pays depuis quelque temps, et conformément à la règle établie à ce sujet par le firman du 12moharrem 1283 (27 mai 1866), pour la transmission du khédivat par ordre de primogéniture de fils aîné en fils aîné, en ta qualité de fils aîné d'Ismaïl pacha, nous te confions le khédivat d'Égypte, tel qu'il se trouve formé par ses anciennes limites, et en comprenant les territoires qui y ont été annexés.
L'accroissement de la prospérité de l'Égypte et la consolidation de la sécurité et la tranquillité de ses habitants constituant l'objet de notre plus haute sollicitude, nous avions rendu, il y a quelque temps, dans ce but, un firman impérial, qui confirmait aussi les privilèges anciens de cette contrée. Cependant quelques-unes des dispositions du susdit firman ayant donné lieu aux difficultés actuelles, en vue de confirmer ceux de ces privilèges qui doivent être maintenus intacts, et de corriger et améliorer ceux de ces privilèges qui ont paru nécessiter quelques modifications, nous
avons fait insérer ci-après les dispositions suivantes :Tous les impôts de cette province seront perçus en notre nom. Les habitants de l'Égypte étant nos sujets, et ne devant, comme tels, subir en aucun temps la moindre oppression ni acte arbitraire, à cette condition le khédivat d'Égypte, auquel est confiée l'administration civile et financière du pays, aura la faculté d'élaborer et d'établir, d'une manière conforme à la justice, tous règlements et lois intérieures nécessaires à cet égard.
Le khédive sera autorisé à conclure et à renouveler, sans porter atteinte aux traités politiques de notre empire, ni à ses droits souverains, les conventions avec les agents des puissances étrangères pour les douanes et le commerce, et pour toutes les transactions avec les étrangers concernant les affaires intérieures, et cela en vue de développer le commerce, l'industrie et l'agriculture, et de régler la police des étrangers et tous leurs rapports avec le gouvernement et la population ; la copie de ces conventions sera communiquée à notre Sublime Porte, avant leur promulgation par le
khédive.Le khédive aura la disposition complète et entière des affaires financières du pays, mais il n'aura pas le droit de contracter des emprunts, sauf pour ce qui concerne exclusivement le règlement de la situation financière présente, et lorsqu'il sera parfaitement d'accord avec ses présents créanciers ou les délégués chargés officiellement de leurs intérêts.
Le khédivat ne pourra, sous aucun prétexte ni motif, abandonner à d'autres personnes, en tout ou en partie, les privilèges accordés à l'Égypte, qui lui sont confiés, et qui sont une émanation des prérogatives inhérentes au pouvoir souverain, ni aucune partie du territoire.
L'administration égyptienne aura soin de payer régulièrement le tribut annuel fixé à 750,000 livres turques.
La monnaie sera frappée en Égypte en notre nom.
En temps de paix, 18,000 hommes de troupe suffisent pour la garde intérieure de l'Égypte. Ce chiffre ne pourra pas être dépassé ; cependant comme les forces égyptiennes de terre et de mer sont destinées aussi au service de notre gouvernement, dans le cas où la Sublime Porte se trouverait engagée dans une guerre, leur chiffre pourra être augmenté dans la proportion jugée convenable.
Les drapeaux des forces de terre et de mer, et les insignes des différents grades des officiers seront les mêmes que ceux de nos armées.
Le khédivat aura le droit de conférer directement des grades aux officiers de terre et de mer jusqu'au grade de colonel, inclusivement, et aux employés civils jusqu'à celui de Sanieh inclusivement.
Le khédive ne pourra comme par le passé construire des bâtiments blindés sans l'autorisation de notre gouvernement.
Tu veilleras au strict maintien des conditions qui précèdent, et qui, ayant été sanctionnées par notre iradé impérial, ont été consignées dans notre présent firman, orné de notre autographe impérial, et qui te sera remis par l'un des principaux personnages de notre empire.
Aly Fouad bey, premier secrétaire de notre cabinet impérial, décoré de nos ordres impériaux d'Osmanieh et de Medjidieh.
Pour obtenir davantage d'informations sur le pays et sur le texte ci-dessus,
voir la fiche Égypte.
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