Politique de défense française


Déclaration de Saint-Malo sur la défense européenne.

A l'issue du sommet franco-britannique tenu à Saint-Malo les 3 et 4 décembre 1998, les dirigeants français et britanniques publient une déclaration sur la défense européenne. Cette déclaration traduit le changement d'orientation du gouvernement travailliste de Tony Blair qui accepte désormais que l'Union européenne se dote de capacités militaires, ce qu'il avait refusé jusque-là afin d'éviter toute duplication avec l'OTAN. Quelques jours plus tard, lors du sommet de Vienne, la décision est prise de prolonger la PESC par une PESD, politique européenne de sécurité et de défense, dont les structures et les moyens seront déterminés par le sommet d'Helsinki (décembre 1999). Trois ans plus tard, le sommet de Laeken (14 et 15 décembre 2001) peut déclarer la PESD opérationnelle : « L'Union est désormais capable de conduire des opérations de gestion de crise. » Le rôle de l'UEO est terminé et les missions de Petersberg doivent être assumées directement par l'Union européenne.


Les chefs d’État et de gouvernement du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord et de la France sont convenus de ce qui suit :  

1.  L’Union européenne doit pouvoir être en mesure de jouer tout son rôle sur la scène internationale. Le traité d’Amsterdam, base essentielle pour l’action de l’Union, doit donc devenir une réalité. La mise en œuvre complète et rapide des dispositions d’Amsterdam sur la Politique étrangère et de Sécurité commune (PESC) doit être achevée. Cela inclut la responsabilité du Conseil européen de décider le développement progressif d’une politique de défense commune dans le cadre de la PESC. Le Conseil doit être en mesure, sur une base intergouvernementale, de prendre des décisions portant sur tout l’éventail des actions prévues par le titre V du traité de l’Union européenne. 

2.  A cette fin, l’Union doit avoir une capacité autonome d’action, appuyée sur des forces militaires crédibles, avec les moyens de les utiliser et en étant prête à le faire afin de répondre aux crises internationales.

Dans cette perspective, les engagements de défense collective auxquels ont souscrit les États membres (article 5 du Traité de Washington et article V du Traité de Bruxelles) devront être maintenus. En renforçant la solidarité entre les pays de l’Union européenne pour que l’Europe puisse faire entendre sa voix dans les affaires du monde, tout en agissant en conformité avec nos obligations respectives au sein de l’OTAN, nous contribuons à la vitalité d’une Alliance atlantique rénovée qui constitue le fondement de la défense collective de ses membres. 

Les Européens devront agir dans le cadre institutionnel de l’Union européenne (Conseil européen, Conseil Affaires générales, et réunion des ministres de la Défense).

Le renforcement de la solidarité européenne doit prendre en compte la variété des positions des pays européens. La diversité des situations des États au regard de l’OTAN devra être respectée. 

3.  Pour pouvoir prendre des décisions et, lorsque l’Alliance en tant que telle n’est pas engagée, pour approuver des actions militaires, l’Union européenne doit être dotée de structures appropriées. Elle doit également disposer d’une capacité d’évaluation des situations, de sources de renseignement, et d’une capacité de planification stratégique, sans duplication inutile, en prenant en compte les moyens actuels de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) et l’évolution de ses rapports avec l’Union européenne. A cet égard, l’Union européenne devra pouvoir recourir à des moyens militaires adaptés (moyens européens pré-identifiés au sein du pilier européen de l’OTAN ou moyens nationaux et multinationaux extérieurs au cadre de l’OTAN).

4. L’Europe a besoin de forces armées renforcées, capables de faire face rapidement aux nouveaux risques et s’appuyant sur une base industrielle et technologique de défense compétitive et forte. 

5. Nous sommes déterminés à unir nos efforts pour permettre à l’Union européenne de progresser concrètement vers ses objectifs.