[Les cinq grandes puissances qui constituent le directoire européen, prolongeant la Sainte-Alliance, se réunissent à Troppau (1820), puis Laibach (1821) et Vérone, (1822) afin de se concerter devant les troubles et les mouvements révolutionnaires à Naples, à Turin, en Espagne (retour à la constitution de Cadix), au Portugal, en Grèce. Elles décident de « mettre un frein, soit par la médiation, soit par la force, aux nouvelles calamités qui menacent l'Europe ». L'Autriche intervient en Italie, la France en Espagne, tandis que la Russie, à rebours, soutient les Grecs.
Le président Monroe vient d'acheter la Floride à l'Espagne(1920) et a reconnu les nouvelles républiques d'Amérique du Sud (1922). Dans son message au Congrès, il affirme d'abord que l'Amérique ne doit pas faire l'objet de nouvelles tentatives de colonisation. Et, plus loin, soulignant l'incompatibilité entre le système politique des États-Unis et celui qui domine en Europe, et que les interventions militaires ont pour but de maintenir, il s'inquiète d'une possible intervention des puissances européennes pour rétablir l'ancien régime colonial dans l'Amérique espagnole ou au Brésil. Les États-Unis ne pourraient l'accepter.
Voir le texte original à la faculté de droit de Yale.]
Concitoyens du Sénat et de la Chambre des représentants,
Sur la proposition du Gouvernement impérial de Russie, transmise par le ministre de l'Empereur ici accrédité, les pleins pouvoirs et des instructions ont été envoyés au ministre des États-Unis à Saint-Pétersbourg, pour régler à l'amiable les droits respectifs et les intérêts respectifs des deux nations sur la côte nord-ouest de notre continent. Une proposition analogue a été faite par Sa Majesté impériale au Gouvernement de Grande-Bretagne qui y a accédé. Le Gouvernement des États-Unis a voulu montrer, par ce procédé amical, combien il attache de prix à l'amitié de l'empereur de Russie, et combien il désire de rester en bonne intelligence avec son gouvernement. Dans les discussions auxquelles a donné lieu cette négociation, et lors des arrangements qui l'ont terminée, on a jugé l'occasion favorable pour faire reconnaître comme un principe auquel sont liés les droits et intérêts des États-Unis, que les continents américains, d'après l'état de liberté et d'indépendance qu'ils ont acquis et dans lequel ils se sont maintenus, ne peuvent plus être considérés à l'avenir comme susceptibles d'être colonisés par aucune puissance européenne.
[Le président aborde différentes questions de politique étrangère, puis de politique intérieure, avant de se prononcer en faveur de l'indépendance de la Grèce et de revenir à la politique des puissances européennes...]
Il a été dit, au commencement de la dernière session, que l'Espagne et le Portugal faisaient de grands efforts pour améliorer pour améliorer le sort du peuple de ces pays, et que cette noble tâche paraissait conduite avec une modération extraordinaire. Il est à peu près superflu de remarquer que le résultat a été fort différent de ce qu'on espérait alors. Nous avons toujours suivi avec curiosité et intérêt les événements qui ont lieu dans cette partie du globe avec laquelle nous avons tant de relations, et à laquelle nous devons notre origine. Les citoyens des États-Unis sont animés des sentiments les plus amicaux pour la liberté et du bonheur de leurs frères de l'autre côté de l'Atlantique. Nous ne nous sommes jamais mêlés dans les guerres des puissances européennes pour des affaires les concernant ; telle est notre politique. Ce n'est que lorsqu'on attaque, ou qu'on menace sérieusement nos droits, que nous nous regardons comme offensés ou que nous faisons des préparatifs pour notre défense.
Les événements de cet hémisphère nous touchent nécessairement de plus près ; le motif en est bien clair pour tout observateur impartial et informé. Le système politique des puissances alliées est essentiellement différent à cet égard du système politique de l'Amérique. Cette différence vient de celle qui existe entre leurs gouvernements respectifs et notre gouvernement. C'est à la défense de nôtre gouvernement, conquis au pris de tant de sang et de ressources, mûri par la sagesse de nos citoyens les plus éclairés, et sous lequel nous avons joui d'une félicité sans exemple, que toute la nation est dévouée.
Nous devons cependant à la bonne foi et aux relations amicales qui existent entre les puissances alliées et les États-Unis, de déclarer que nous considérerions toute tentative de leur part pour étendre leur système à quelque partie de cet hémisphère, comme dangereuse pour notre tranquillité et notre sécurité. Quant aux colonies existantes ou dépendances des puissances européennes, nous ne sommes pas intervenus et n'interviendrons pas dans leurs affaires. Mais, quant aux gouvernements qui ont déclaré leur indépendance, qui l'ont maintenue, et dont nous avons reconnu l'indépendance, après sérieux examen, et sur des justes principes, nous ne pourrions voir l'intervention d'une puissance européenne quelconque dans le but de les opprimer ou de contrarier d'une manière quelconque leur destinée, que comme la manifestation d'une disposition inamicale à l'égard des États-Unis. Dans la guerre entre ces nouveaux gouvernements et l'Espagne, nous avons déclaré notre neutralité à l'époque de leur reconnaissance, et nous y sommes restés fidèles ; nous continuerons d'y rester fidèles, pourvu qu'il n'y ait pas de changement qui, du jugement des autorités compétentes de notre gouvernement nécessite aussi de notre part un changement indispensable à leur propre sécurité.
Les derniers événements en Espagne et au Portugal montrent que l'Europe est encore troublée. La preuve la plus forte de ce fait important, c'est que les puissances alliées ont jugé convenable, d'après des principes qu'elles ont adoptés, d'intervenir par la force dans les troubles de l'Espagne. Jusqu'où peut s'étendre une telle intervention, d'après le même principe ? C'est là une question à laquelle sont intéressées toutes les puissances indépendantes dont les gouvernements diffèrent de ceux des puissances alliées, et aucun n'y est plus intéressé que les États-Unis. La politique que nous avons adoptée à l'égard de l'Europe, dès le début des guerres qui ont si longtemps agité cette partie du globe, est toujours restée la même, elle consiste à ne jamais nous interposer dans les affaires intérieures d'aucune des puissances de cette partie de la Terre ; à considérer le gouvernement « de facto » comme le gouvernement légitime à nos yeux ; à établir avec ce gouvernement des relations amicales, et à les conserver par une politique franche, ferme et courageuse, en admettant, en toute circonstance, les justes réclamations de toutes les puissance, mais en ne souffrant les injures d'aucune. Il est impossible que les puissances alliées étendent leur système politique à une partie de ce continent, sans mettre en danger notre paix et notre bonheur ; et aucune d'entre elles ne peut croire que nos frères [d'Amérique] du Sud, s'ils le pouvaient, l'adopteraient de leur propre gré. Il nous serait donc également impossible de rester spectateur indifférent de cette intervention, sous quelque forme qu'elle eût lieu. A présent, si nous considérons la force et les ressources de l'Espagne et celles des nouveaux gouvernements de l'Amérique, ainsi que la distance qui les sépare, il est évident que l'Espagne ne pourra jamais parvenir à les soumettre. La véritable politique des États-Unis est donc toujours de laisser les parties à elles-mêmes, dans l'espoir que les autres puissances adopteront la même attitude.
[...suit un vibrant éloge du système politique américain.]
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