Traité d'alliance signé à Vienne, le 30 octobre 1883, entre l'Autriche-Hongrie et la Roumanie.
Les ratifications ont été échangées le 15 novembre 1883.
Accession de l'Allemagne le 30 octobre 1883.
Accession de l'Italie le 15 mai 1888.
Traité signé à Sinaia le 13/25 juillet 1892, identique sauf la durée limitée à 4 ans.
Accession de l'Allemagne le 23 novembre, de l'Italie le 28 novembre 1892.
Prolongé le 30 septembre 1896 ;
Prolongé le 4/17 avril 1902, accession de l'Allemagne le 25 juillet et de l'Italie le 12 décembre 1902.
À la fin du XIXe siècle, à la suite de la crise amorcée par les troubles en Herzégovine en 1875, continuée par le traité de San Stefano, mais circonscrite et achevée par le Congrès de Berlin, en 1878, les Puissances centrales forment un réseau d'alliances pour « assurer le maintien de l'ordre social et politique dans leurs États respectifs ».
L'Allemagne et l'Autriche-Hongrie concluent d'abord, le 7 octobre 1879, une solide alliance, la Duplice, dirigée contre la Russie et la France, qui les lie jusqu'en 1914. Les deux pays forment ensuite la Triple Alliance ou Triplice avec l'Italie, le 20 mai 1882, alors que l'Italie craint un conflit avec la France en Afrique du Nord. Cet accord conclu initialement pour cinq ans est confirmé en 1887, avec un traité italo-autrichien relatif à une action concertée dans les Balkans et la mer Égée, et un traité italo-allemand dirigé contre la France. Il est renouvelé et précisé le 6 mai 1891, puis, dans les mêmes termes, le 28 juin 1902 et enfin le 5 décembre 1912. Enfin, une convention maritime (23 juin et 2 août 1913) prévoit les moyens nécessaires pour des opérations communes des trois Puissances en Méditerranée en 1914.
Des accords avec la Roumanie, le 30 octobre 1883, renouvelés le 13/25 juillet 1892, le 30 septembre 1896, le 17 avril 1902 et le 5 février 1913, permettent de former une Quadruplice. L'Alliance est aussi étendue à la Serbie le 16/28 juin 1881, confirmée le 7/19 mars 1889, prévoyant l'extension du territoire serbe en Macédoine ; et à l'Espagne, en ce qui concerne les questions nord-africaines, le 4 mai 1887.
Cependant, par le Traité des 3-Empereurs, le 18 juin 1881, elles tentent de concilier les ambitions russes et autrichiennes dans les Balkans. Mais en 1887, tandis que l'Autriche s'entend avec l'Italie et la Grande-Bretagne (mars et décembre 1887) pour l'indépendance et l'intégrité de l'Empire ottoman et le statu quo en Méditerranée, le traité de réassurance ne lie que l'Allemagne et la Russie. Les ambitions opposées de l'Autriche, de la Russie et bientôt de l'Italie dans les Balkans ruinent ainsi l'édifice de la diplomatie allemande : Après la démission de Bismarck en 1890, le nouvel empereur, Guillaume II, choisit définitivement l'Autriche et tente de se rapprocher de la Grande-Bretagne. La Russie, isolée, se tourne alors vers la France ; en Serbie, à la suite de la révolution de 1903, le nouveau gouvernement recherche la protection de la Russie et de la France ; et l'Italie comme la Roumanie refusent d'entrer en guerre en 1914, puis s'engagent du côté de l'Entente, l'Italie, le 24 mai 1915, et la Roumanie le 27 août 1916.
Sources : Documents , Paris, Imprimerie nationale, 1919. Nouveau recueil général de traités, continuation du Grand Recueil de Martens, tome X, Leipzig, 1920, p. 21.
I.
S. M. l'Empereur d'Autricbe, Roi de Bobème etc. et Roi Apostolique de Hongrie, et
S. M. le Roi de Roumanie, animés d'un égal désir de maintenir la paix générale, conformément au but poursuivi par l'alliance austro-bongroise et allemande, d'assurer l'ordre politique et de garantir contre toutes les éventualités la parfaite amitié qui les lie, ont résolu de conclure à cette fin un traité qui par sa nature essentiellement conservatrice et défensive ne poursuit que le but de les prémunir contre les dangers qui pourraient menacer la paix de leurs états.
A cet effet leurs dites Majestés ont nommé pour leurs plénipotentiaires, savoir :
S. M. l'Empereur d'Autricbe, Roi de Bohème etc. et Roi Apostolique de Hongrie : le sieur Gustave Kàlnoky de Korôs-Patak, chambellan et conseiller intime actuel, son ministre, de la maison impériale et des affaires étrangères, général dans ses armées.
S. M. le Roi de Roumanie: le sieur Démètre A. Stourdza, son ministre des affaires étrangères,
lesquels, après s'être communiqué leurs pleins-pouvoirs trouvés en bonne et due forme ont convenus des articles suivants :
Article I.
Les hautes parties contractantes se promettent paix et amitié et n'entreront dans aucune alliance ou engagement dirigé contre l'un de leurs états. Elles s'engagent à suivre une politique amicale et à se prêter un appui mutuel dans la limite de leurs intérêts.
Article II.
Si la Roumanie, sans provocation aucune de sa part, venait à être attaquée, l'Autriche-Hongrie est tenue à lui porter en temps utile secours et assistance contre l'agresseur. Si l'Autriche-Hongrie était attaquée dans les mêmes circonstances dans une partie de ses états limitrophes à la Roumanie, le casus foederis se présentera aussitôt pour cette dernière.
Article III.
Si une des hautes parties contractantes se trouvait menacée d'une agression dans les conditions susmentionées les gouvernements respectifs se mettront d'accord sur les mesures à prendre en vue d'une coopération de leurs armées.
Ces questions militaires, notamment celle de l'unité des opérations et du passage des territoires respectifs, seront réglées par une convention militaire.
Article IV.
Si contrairement à leur désir et espoir les hautes parties contractantes étaient forcées à une guerre commune dans les circonstances prévues par les articles précédents, elles s'engagent à ne négocier ni conclure séparément la paix.
Article V.
Le présent traité restera en vigueur pour la durée de cinq ans à partir du jour de l'échange des ratifications. Si une année avant son expiration le présent traité n'est pas dénoncé, ou si la révision n'en est pas demandée par aucune des hautes parties contractantes, il sera considéré comme prolongé pour la durée de trois autres années.Article VI.
Les hautes parties contractantes se promettent mutuellement le secret sur le contenu du présent traité
Article VII.
Le présent traité sera ratifié et les ratifications seront échangées dans un délai de trois semaines ou plus tôt si faire se peut.En foi de quoi les plénipotentiaires respectifs l'ont signé et y ont apposé le sceau de leurs armes.
Fait à Vienne, le trentième jour du mois d'octobre de l'an, de grâce mil huit cent quatre-vingt-trois.
(L. S.) Kalnoky.
(L. S.) D. Stourdza.
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