Grande Guerre.


Armistice signé à Villa Giusti, le 3 novembre 1918

    L'armistice conclu à Villa Giusti le 3 novembre 1918 met fin à la Grande Guerre, entre les Puissances alliées et l'Autriche-Hongrie.

    La Grande Guerre oppose deux coalitions, progressivement formées à la suite de la crise balkanique de 1875-1878, au cours de laquelle la Russie a tiré les marrons du feu pour l'Autriche et l'Empire britannique. Les Puissances centrales forment un réseau d'alliances pour « assurer le maintien de l'ordre social et politique dans leurs États respectifs » : la Duplice, en 1879, puis la Triplice, en 1882, le rapprochement avec la Grande-Bretagne en 1887, sont explicitement dirigées contre la France et la Russie. Par le Traité des 3-Empereurs, puis le traité de réassurance, elles tentent d'éviter une confrontation avec la Russie dans les Balkans. Mais avec le renouvellement de la Triplice en 1891, la Russie est isolée et, en dépit de l'absence d'affinités idéologiques, elle se rapproche de la France, isolée elle-même depuis la guerre de 1870-1871 : l'entente cordiale entre les deux pays est fondée sur la perception d'une menace commune.
    Au début du XXe siècle, l'Empire britannique sort de son « splendide isolement ». L'accord avec le Japon, en 1902, puis l'entente cordiale avec la France, enfin l'arrangement avec la Russie, en 1907, permettent simplement de concilier les ambitions coloniales de chaque pays. Pourtant, en 1914, les quatre pays vont s'engager simultanément dans la guerre et s'accorder sur des objectifs précis, alors que l'Italie et la Roumanie rompent avec les Puissances centrales, et plus tard entrent en guerre au côté de l'Entente.

    La Grande Guerre, ouverte par le bombardement de Belgrade le 28 juillet 1914, un mois après l'attentat de Sarajévo, s'achève en 1918 par les armistices de Salonique avec la Bulgarie (29 septembre), de Moudros avec la Turquie (30 octobre), de Villa Giusti avec l'Autriche-Hongrie (3 novembre), de Rethondes avec l'Allemagne (11 novembre) et avec la convention de Belgrade avec la Hongrie (13 novembre).
    Les principaux traités de paix, qui ont mis fin à la Grande Guerre sont :
- le traité de Versailles, signé le 28 juin 1919 entre  les Puissances alliées et associées et l'Allemagne ;
- le traité de Saint-Germain-en-Laye, signé le 10 septembre 1919 entre les Puissances alliées et associées et l'Autriche ;
- le traité de Neuilly-sur-Seine, signé le 27 novembre 1919 entre les Puissances alliées et associées et la Bulgarie ;
- le traité de Trianon, signé le 4 juin 1920 entre les Puissances alliées et associées et la Hongrie ;

- le traité de Sèvres, signé le 10 août 1920 entre les Puissances alliées et associées et la Turquie, non ratifié et remplacé par le traité de Lausanne, signé le 24 juillet 1923.
    Des traités complémentaires sont signés par les Principales Puissances alliées avec les autres Puissances alliées, bénéficiaires de territoires transférés : Pologne, Tchécoslovaquie, Roumanie, État serbe-croate-slovène, Grèce, afin de confirmer la reconnaissance de l'indépendance du pays, de garantir les droits des minorités et d'assurer l'ouverture du pays au commerce international.

Sources : Documents publiés par le ministère français des affaires étrangères, Conventions d'armistice..., Paris, Imprimerie nationale, 1919.


Protocole des conditions d'armistice entre les Puissances alliées et associées et l'Autriche-Hongrie.

I. Clauses militaires.

1. Cessation immédiate des hostilités sur terre, sur mer et dans l'air.

2. Démobilisation totale de l'armée austro-hongroise et retrait immédiat de toutes les unités qui opèrent sur le front de la Mer du Nord à la Suisse.

Il ne sera maintenu sur le territoire austro-hongrois, dans les limites ci-dessous indiquées au paragraphe 3, comme forces militaires austro-hongroises, qu'un maximum de 20 divisions réduites à l'effectif du pied de paix d'avant-guerre.

La moitié du matériel total d'artillerie divisionnaire, d'artillerie de corps d'armée, ainsi que l'équipement correspondant, en commençant par tout ce qui se trouve sur les territoires à évacuer par l'armée austro-hongroise, devra être réuni entre des points à fixer par les Alliés et les États-Unis d'Amérique pour leur être livré.

3. Évacuation de tout territoire envahi par l'Autriche-Hongrie depuis le début de la guerre et retrait des forces austro-hongroises dans un délai à déterminer par les Généraux commandant en chef les forces alliées sur les différents fronts, au delà d'une ligne fixée comme suit :
Du Piz Umbrail jusqu'au nord du Stelvio, elle suivra la crête des Alpes Rhétiennes jusqu'aux sources de l'Adige et de l'Eisach, passant alors par les monts Reschen et Brenner et sur les hauteurs de l'Oetz et du Ziller.
La ligne ensuite se dirigera vers le Sud, traversera le Mont Toblach et rejoindra la frontière actuelle des Alpes Carniques. Elle suivra cette frontière jusqu'au Mont Tarvis, et, après le Mont Tarvis, la ligne de partage des eaux des Alpes Juliennes par le Col Prédil, le Mont Mangart, le Tricorno (Terglou) et la ligne de partage des eaux des Cols de Podberdo, de Podlaniscam et d'idria. A partir de ce point, la ligne suivra la direction du Sud-Est vers le Schneeberg, laissant en dehors d'elle tout le bassin de la Save et de ses tributaires ; du Schneeberg, la ligne descendra vers la côte, de manière à inclure Castua, Mattuglia et Volosca dans les territoires évacués.
Elle suivra également les limites administratives actuelles de la province de Dalmatie, en y comprenant, au Nord, Lisarica et Tridania et au Sud, jusqu'à une ligne partant sur la côte du Cap Planka et suivant vers l'Est les sommets des hauteurs formant la ligne de partage des eaux, de manière à comprendre dans les territoires évacués toutes les vallées et cours d'eau descendant vers Sebenico, comme la Cicola, la Kerka, la Butisnica et leurs affluents. Elle enfermera aussi toutes les îles situées au Nord et à l'Ouest de la Dalmatie depuis Prémuda, Selve, Ulbo, Scherda, Maon, Pago et Puntadura au Nord, jusqu'à Meleda au Sud, en y comprenant Sant'Andréa, Busi, Lissa, Lesina, Tercola, Curzola, Cazza et Lagosta, ainsi que les rochers et îlots environnants, et Pelagosa, à l'exception seulement des îles Grande et Petite Zirona, Bua, Solta et Brazza.

Tous les territoires ainsi évacués seront occupés par les forces des Alliés et des États-Unis d'Amérique.

Maintien sur place de tout le matériel militaire et de chemin de fer ennemi qui se trouve sur les territoires à évacuer.

Livraison aux Alliés et aux États-Unis de tout ce matériel (approvisionnements de charbon et autres compris) suivant les instructions de détail données par les Généraux commandant en chef les forces des Puissances associées sur les différents fronts.

Aucune destruction nouvelle, ni pillage, ni réquisition nouvelle par les troupes ennemies dans les territoires à évacuer par l'ennemi et à occuper par les forces des Puissances associées.

4. Possibilité pour les armées des Puissances associées de se mouvoir librement par l'ensemble des routes, chemins de fer et voies fluviales des territoires austro-hongrois nécessaires.

Occupation par les armées des Puissances associées de tous points stratégiques en Autriche-Hongrie et à tous moments jugés nécessaires par ces Puissances, pour rendre possibles toutes opérations militaires et pour maintenir l'ordre.

Droit de réquisition contre payement pour les armées des Puissances associées dans tous les territoires où elles se trouveront.

5. Complète évacuation, dans un délai de 15 jours, de toutes troupes allemandes, non seulement des fronts d'Italie et des Balkans, mais de tous territoires austro-hongrois.

Internement de toutes troupes allemandes qui n'auraient pas quitté avant ce délai le territoire austro-hongrois.

6. Les territoires austro-hongrois évacués seront provisoirement administrés par les autorités locales sous le contrôle des troupes alliées ou associées d'occupation.

7. Rapatriement immédiat, sans réciprocité, de tous les prisonniers de guerre, sujets alliés internés et populations civiles évacuées, dans les conditions à fixer par les Généraux commandant en chef les armées des Puissances alliées sur les fronts.

8. — Les malades et blessés inévacuables seront soignés par du personnel austro-hongrois qui sera laissé sur place avec le matériel nécessaire.

II. Clauses navales.

I. Cessation immédiate de toutes hostilités sur mer et indications précises de l'emplacement et des mouvements de tous les bâtiments austro-hongrois.

Avis sera donné aux neutres de la liberté concédée à la navigation des marines de guerre et de commerce des Puissances alliées et associées dans toutes les eaux territoriales, sans soulever des questions de neutralité.

II. Livraison aux Alliés et aux États-Unis d'Amérique de 15 sous-marins austro-hongrois achevés de 1910 à 1918 et de tous les sous-marins allemands se trouvant ou pouvant pénétrer dans les eaux territoriales austro-hongroises. Désarmement complet et démobilisation de tous les autres sous-marins austro-hongrois, qui devront rester sous la surveillance des Alliés et des États-Unis d'Amérique.

III. Livraison aux Alliés et aux États-Unis d'Amérique, avec leur armement et équipement complets, de 3 cuirassés, 3 croiseurs légers, 9 destroyers, 12 torpilleurs, 1 mouilleur de mines, 6 monitors du Danube à désigner par les Alliés et les États-Unis d'Amérique.

Tous les autres bâtiments de guerre de surface (y compris ceux de rivière) devront être concentrés dans les bases navales austro-hongroises qui seront désignées par les Alliés et les États-Unis d'Amérique et devront être démobilisés et complètement désarmés et placés sous la surveillance des Alliés et des États-Unis d'Amérique.

IV. Liberté de navigation de tous les bâtiments des marines de guerre et de commerce des Puissances alliées et associées dans l'Adriatique, y compris les eaux territoriales, sur le Danube et ses affluents en territoire austro-hongrois.

Les Alliés et les Puissances associées auront le droit de draguer tous les champs de mines et détruire les obstructions dont l'emplacement devra leur être indiqué.

Pour assurer la liberté de navigation sur le Danube, les Alliés et les États-Unis d'Amérique pourront occuper ou démanteler tous les ouvrages fortifiés et de défense.

V. Maintien du blocus des Puissances alliées et associées dans les conditions actuelles ; les navires austro-hongrois trouvés en mer restent sujets à capture, sauf les exceptions qui seront admises par une Commission qui sera désignée par les Alliés et les États-Unis d'Amérique.

VI. Groupement et immobilisation dans les bases austro-hongroises désignées par les Alliés et les États-Unis d'Amérique de toutes les forces aériennes navales.

VII. Évacuation de toute la côte italienne et de tous les ports occupés par l'Autriche-Hongrie en dehors de son territoire national et abandon de tout le matériel flottant, matériel naval, équipement et matériel pour voie navigable de tout ordre.

VIII. Occupation par les Alliés et les États-Unis d'Amérique des fortifications de terre et de mer et des îles constituant la défense de Pola, ainsi que des chantiers et de l'Arsenal.

IX. Restitution de tous les navires de commerce des Puissances alliées et associées détenus par l'Autriche-Hongrie.

X. Interdiction de toute destruction des navires ou de matériel avant évacuation, livraison ou restitution.

XI. Restitution, sans réciprocité, de tous les prisonniers de guerre des marines de guerre et de commerce des Puissances alliées et associées au pouvoir des Austro-Hongrois.

Les plénipotentiaires soussignés, dûment autorisés , déclarent approuver les conditions sus-indiquées.

3 novembre 1918.




Protocole annexe contenant les détails et les clauses d'exécution de certains points de l'Armistice entre les Puissances alliées et associées et l'Autriche- Hongrie.

I. Clauses militaires.

1. Les hostilités par terre, par mer et dans l'air cesseront sur tous les fronts de l'Autriche-Hongrie 24 heures après la signature de l'armistice, c'est-à-dire à 15 heures du 4 novembre (heure de l'Europe centrale).

A partir de ce moment, les troupes italiennes et associées s'abstiendront d'avancer au delà de la ligne jusqu'à ce moment rejointe.

Les troupes austro-hongroises et les troupes des Pays alliés à l'Autriche-Hongrie devront se retirer à une distance d'au moins 3 kilomètres en ligne d'air de la ligne rejointe par les troupes italiennes ou par les troupes des Pays alliés et associés. Les habitants de la zone de 3 kilomètres comprise entre les deux lignes sus indiquées pourront s'adresser, pour obtenir les ravitaillements nécessaires, à leur propre armée nationale ou aux armées des Puissances associées.

Toutes les troupes austro-hongroises qui à l'heure de la cessation des hostilités se trouveront à l'arrière de la ligne de combat rejointe par les troupes italiennes doivent être considérées comme étant prisonnières de guerre.

2. Pour ce qui concerne les clauses contenues dans les articles 2 et 3 au sujet des artilleries et de leur équipement, et du matériel militaire qui doit être réuni en des lieux indiqués ou laissé sur place dans les territoires qui seront évacués, les Plénipotentiaires italiens en qualité de représentants de toutes les Puissances alliées et associées déclarent [de] donner auxdites clauses l'interprétation, qui aura caractère
exécutif :

a. Tout objet dont on puisse se servir dans un but de guerre, ou dont les parties qui le composent puissent être employées dans un tel but, devra être cédé aux Puissances alliées et associées.
L'armée austro-hongroise et les troupes allemandes sont autorisées à emporter uniquement ce qui fait partie de l'équipement et de l'armement personnel des militaires qui doivent évacuer les territoires indiqués à l'article 3, ainsi que les chevaux des officiers, le train et les chevaux organiquement destinés à chaque unité pour le transport des vivres, des cuisines, du bagage des officiers et du matériel sanitaire.
Cette clause s'applique à toutes les différentes armes et à tous les services des armées.

b. En ce qui concerne particulièrement l'artillerie, il est établi que l'armée austro-hongroise et les troupes allemandes laisseront dans le territoire qui doit être évacué tout le matériel d'artillerie et tout son équipement.
Le calcul nécessaire pour établir d'une façon exacte et complète le nombre total des artilleries divisionnaires et de corps d'armée dont dispose l'Autriche-Hongrie au moment de la cessation des hostilités, dont la moitié doit être cédée aux Puissances associées, sera exécuté plus tard, de façon à fixer s'il y en aura lieu la remise d'autre matériel d'artillerie de l'armée austro-hongroise et éventuellement le retour de matériel à l'armée austro-hongroise à effectuer par les armées alliées et associées.
Toutes les artilleries qui ne font pas organiquement partie des artilleries divisionnaires et de corps d'armée devront être cédées, sans exception aucune ; pourtant il ne sera pas nécessaire d'en calculer le nombre.

c. La remise de toutes les artilleries divisionnaires et de corps d'armée devra s'effectuer, pour le front italien, dans les localités suivantes : Trento, Bolzano, Pieve di Cadore, Stazione per la Carnia, Tolmino, Gorizia, Trieste.

3. Les Commandants en chef des armées alliées et associées sur les différents fronts d'Autriche-Hongrie nommeront des Commissions spéciales qui devront immédiatement se rendre, accompagnées des escortes nécessaires, dans les lieux quelles jugeront les plus indiqués pour contrôler l'exécution de ce qui est ci-dessus établi.

4. Il est établi que les dénominations M. Toblach et M. Tarvis veulent indiquer les groupes de montagnes qui dominent la selle de Toblach et la conque de Tarvis, ainsi qu'il ressort du croquis 1/500.000e ci-joint à titre d'éclaircissement.

5. L'évacuation des troupes austro-hongroises et des troupes alliées à l'Autriche-Hongrie au delà de la ligne indiquée à l'article 3 du Protocole des conditions d'armistice devra s'effectuer pour le front italien dans un délai de quinze jours à partir du jour où les hostilités prendront fin.

Au 5e jour les troupes austro-hongroises ou alliées de l'Autriche-Hongrie devront, pour ce qui concerne le front italien, se trouver au delà de la ligne : Tonale-Noce-Lavis-Avisio-Pordoi-Livinallongo-Falzarego-Pieve di Cadore-Colle Mauria-Alto Tagliamento-Fella-Raccolana-Sella Nevea-Isonzo : elles devront en plus avoir effectué leur retraite hors du territoire de la Dalmatie fixé dans l'article plus haut indiqué.

Les troupes austro-hongroises de terre et de mer ou les troupes alliées de l'Autriche-Hongrie qui n'auront pas effectué leur retraite hors du territoire établi dans le délai de quinze jours doivent être considérées comme étant prisonnières de guerre.

6. Le payement des réquisitions que les armées des Puissances alliées et associées pourront exécuter dans le territoire austro-hongrois devra s'accomplir selon les règles fixées contenues dans le premier paragraphe de la page 227 du « Servizio in Guerra-Parte II-Edizione 1915 » actuellement en vigueur près de l'armée italienne.

7. Pour ce qui concerne les chemins de fer et l'exercice du droit reconnu aux Puissances associées par l'article 4 du Protocole d'armistice entre les Puissances alliées et associées et l'Autriche-Hongrie, il est établi que le transport des troupes, du matériel de guerre et des ravitaillements des Puissances alliées et associées sur le réseau des chemins de fer austro-hongrois en dehors du territoire évacué selon les clauses de l'armistice, ainsi que la direction et le fonctionnement du réseau sera confié aux employés des administrations des chemins de fer austro-hongrois sous le contrôle cependant des Commissions spéciales nommées par les Puissances alliées et associées et des commandements militaires des gares de chemin de fer qu'il sera jugé nécessaire d'établir.

Les autorités austro-hongroises devront donner passage auxdits transports avant tout autre et en garantir la sûreté.

8. Dans le territoire qui doit être évacué au moment de la fin des hostilités, il devra être procédé au déchargement et à rendre complètement inoffensives toutes les mines des routes et des chemins de fer, les champs de mines et toute autre oeuvre prédisposée pour l'interruption des routes et des voies de chemin de fer.

9. Dans un délai de 8 jours à partir de la fin des hostilités, les prisonniers et les citoyens italiens internés en Autriche-Hongrie devront cesser tout travail, exception faite pour les travaux agricoles, en ce qui concerne les prisonniers et internés déjà employés aux travaux agricoles avant le jour de la signature de l'armistice. Ils devront en tout cas être prêts à partir immédiatement dès que requête en sera faite par le Commandant en chef de l'armée italienne.

10. L'Autriche-Hongrie devra pourvoir à la protection, à la sûreté et au ravitaillement dont les frais seront remboursés des différentes Commissions des Gouvernements alliés chargées de recevoir le matériel de guerre et des contrôles de tous genres, soit dans le cas que lesdites Commissions se trouvent dans le territoire à évacuer, soit dans le cas qu'elles se trouvent dans toute autre partie du territoire austro-hongrois.

II. Clauses navales.

I. L'heure de la cessation des hostilités sur mer est la même que pour la cessation des hostilités de terre et d'air.

A la même heure, le Gouvernement austro-hongrois devra avoir fourni au Gouvernement italien et aux Gouvernements associés, par l'entremise de la station R. T. de Pola qui les transmettra à Venise, les indications nécessaires pour faire connaître le lieu où se trouvent tous les bâtiments austro -hongrois ainsi que leurs mouvements.

II. Toutes les unités, dont il est question au N. II et au N. III qui doivent être cédées aux Puissances associées, devront rejoindre Venise entre 8 heures et 15 heures du 6 novembre : elles embarqueront un pilote à 14 milles de la côte.

Exception est faite pour les monitors du Danube, qui devront se présenter au port fixé par le Commandant en chef des forces associées sur le front balkanique, selon les conditions que ledit Commandant en chef croira devoir établir.

III. Les navires qui doivent faire route sur Venise sont les suivants :
Teghethoff,
Saida,
Prinz Eugen,
Novara,
Ferdinand Max,
Helgoland.

Neuf contre-torpilleurs du type Tatra (de 8oo tonnes au minimum) de construction plus récente.

Douze torpilleurs du type de 200 tonnes.

Le navire pose-mines Camâlèon.

Quinze sous-marins construits entre [le] 1910 et [le] 1918 et tous les sous-marins allemands qui se trouvent ou qui peuvent se trouver dans les eaux territoriales austro-hongroises.

Les dégâts qui auraient été prédisposés ou qui auraient lieu à bord des navires à céder seront considérés par les Gouvernements associés comme représentant une infraction des plus graves au présent armistice.

La flottille du lac de Garda sera remise aux Puissances associées dans le port de Riva.

Tous les navires qui ne doivent pas être remis aux Puissances associées devront être réunis, dans un terme de 48 heures à partir du moment de la cessation des hostilités, dans le port de Buccari et de Spalato.

IV. En ce qui concerne le droit de draguer tous les champs de mines et de détruire tous les barrages, le Gouvernement d'Autriche-Hongrie s'engage sur son honneur à remettre, dans un délai de 48 heures à partir du moment où les hostilités doivent cesser, au Commandant de la Place de Venise et au Commandant de l'Armée navale à Brindisi, les plans des champs de mines et des barrages des ports de Pola, Cattaro et Fiume, et, dans un délai de 96 heures à partir du même instant, les plans des champs de mines et des barrages de la Méditerranée, des fleuves et des lacs italiens, en notifiant en plus le plan des champs de mines et des barrages posés par ordre du Gouvernement allemand et qui seraient à sa connaissance.

Dans ce même délai de 96 heures une communication semblable, concernant tout ce qui regarde le Danube et la Mer Noire, devra être adressée au Commandant des forces associées du front balkanique.

V. La restitution des navires de commerce appartenant aux Puissances associées devra s'effectuer dans l'espace de 96 heures à partir du moment de la cessation des hostilités, selon les modalités qui seront établies par chaque Puissance associée et qui viendront [à être] portées à [la] connaissance du Gouvernement austro-hongrois.

Les Puissances associées se réservent de constituer la Commission dont il est question à l'article V et de porter à la connaissance du Gouvernement austro-hongrois le détail de son fonctionnement et le lieu où elle devra se réunir.

VI. — La base navale dont il est question à l'article VI est Spalato.

VII. L'évacuation dont il est question à l'article VII devra s'exécuter dans le délai fixé pour la retraite des troupes au delà des lignes d'armistice.

Aucun dommage ne devra être porté à tout matériel fixe, mobile ou flottant existant dans les ports.

L'évacuation pourra s'effectuer à travers les canaux de la Lagune en faisant usage des embarcations austro-hongroises qui pourront être amenées du dehors.

VIII. L'occupation dont il est question au N. VIII aura lieu dans le délai de 48 heures à partir du moment de la cessation des hostilités.

Les autorités austro-hongroises doivent garantir la sûreté des navires transportant le personnel destiné à prendre possession de Pola, des îles et autres lieux prévus dans l'armistice pour l'armée.

Le Gouvernement austro-hongrois donnera les dispositions nécessaires pour que les navires des nations associées se dirigeant sur Pola trouvent à 14 milles de la Place les pilotes capables d'indiquer la route plus sûre à suivre.

IX. Tout dommage qui viendra à être apporté aux personnes et aux biens des Puissances associées sera regardé comme une très grave infraction au présent armistice.

Les Plénipotentiaires soussignés, dûment autorisés, déclarent approuver les conditions sus indiquées.

3 novembre 1918.

Les Représentants du Commandement suprême de l'Armée austro-hongroise,
Victor Weber Edler VON WEBENAU,
Karl SCHNELLER,
Y. VON LIECHTENSTEIN,
J. V. NYEKHEGYI,
ZWIERKOWSKI,
Victor Freiherr VON SEILLER,
Kamillo RUGGERA.

Les Représentants du Commandement suprême de l'Armée italienne,
Tenente Generale Pietro BADOGLIO ,
Maggior Generale Scipione SCIPIONI,
Colonnelli Tullio MARCHETTI,
Pietro GAZZERA,
Pietro MARAVIGNA,
Alberto PARIANI,
Capitano di Vascello Francesco ACCINNI.




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Jean-Pierre Maury