Constitution de la Ve République

Loi constitutionnelle n° 93-952 du 27 juillet 1993
portant révision de la Constitution du 4 octobre 1958
et modifiant ses titres VIII, IX, X et XVI

[Le président Mitterrand, à la suite de sa déclaration du 9 novembre 1992, a institué par décret 92-1247 du 2 décembre 1992 un Comité consultatif pour la révision de la Constitution, placé sous la présidence du doyen Vedel. Le comité a rendu son rapport le 15 février 1993. Le président a repris de nombreuses suggestions dans deux projets de loi constitutionnelle déposés au Sénat le 10 mars suivant. Mais à la suite des élections législatives et du changement de majorité, le gouvernement de M. Balladur n'inscrivit pas à l'ordre du jour des assemblées le projet de loi relatif à l'organisation des pouvoirs publics (Sénat, n° 232, 1992-1993). En revanche, le projet modifiant les titres VII, VIII, IX et X de la Constitution (Sénat, n° 231, 1992-1993), profondément modifié et amputé par le Sénat des dispositions relatives au Conseil constitutionnel, devait aboutir à la loi constitutionnelle ci-dessous.]


Le Congrès a adopté,
Le président de la République promulgue la loi dont la teneur suit

Section I
Dispositions modifiant le titre VIII de la Constitution 
et relatives à la magistrature.

Article premier.

L'article 65 de la Constitution est ainsi rédigé :
« Art. 65. Le Conseil supérieur de la magistrature est présidé par le président de la République. Le ministre de la justice en est le vice-président de droit. Il peut suppléer le président de la République.
« Le Conseil supérieur de la magistrature comprend deux formations, l'une compétente à l'égard des magistrats du siège, l'autre à l'égard des magistrats du parquet.
« La formation compétente à l'égard des magistrats du siège comprend, outre le président de la République et le garde des sceaux, cinq magistrats du siège et un magistrat du parquet, un conseiller d'État, désigné par le Conseil d'État, et trois personnalités n'appartenant ni au Parlement ni à l'ordre judiciaire, désignées respectivement par le président de la République, le président de l'Assemblée nationale et le président du Sénat.
« La formation compétente à l'égard des magistrats du parquet comprend, outre le président de la République et le garde des sceaux, cinq magistrats du parquet et un magistrat du siège, le conseiller d'État et les trois personnalités mentionnés à l'alinéa précédent.
« La formation du Conseil supérieur de la magistrature compétente à l'égard des magistrats du siège fait des propositions pour les nominations des magistrats du siège à la Cour de cassation, pour celles de premier président de cour d'appel et pour celle de président de tribunal de grande instance. Les autres magistrats du siège sont nommés sur avis conforme.
« Elle statue comme conseil de discipline des magistrats du siège. Elle est alors présidée par le premier président de la Cour de cassation.
« La formation du Conseil supérieur de la magistrature compétente à l'égard des magistrats du parquet donne son avis pour les nominations concernant les magistrats du parquet, à l'exception des emplois auxquels il est pourvu en conseil des ministres.
Elle donne son avis sur les sanctions disciplinaires concernant les magistrats du parquet. Elle est alors présidée par le procureur général près la Cour de cassation.
« Une loi organique détermine les conditions d'application du présent article. »

Section II
Dispositions modifiant les titres IX et X de la Constitution 
et relatives à la Haute Cour de  justice 
et à la responsabilité pénale des membres du gouvernement

Article 2.

Le second alinéa de l'article 68 de la Constitution est abrogé.

Article 3.


Les titres X à XVI de la Constitution deviennent respectivement les titres XI à XVII de la Constitution.

Article 4.

Il est inséré dans la Constitution un nouveau titre X et les articles 68-1 et 68-2 sont ainsi rédigés :
« Titre X
De la responsabilité pénale des membres du gouvernement

« Art. 68-1 Les membres du gouvernement sont pénalement responsables des actes accomplis dans l'exercice de leurs fonctions et qualifiés crimes ou délits au moment où ils ont été commis.
« Ils sont jugés par la Cour de justice de la République.
« La Cour de justice de la République est liée par la définition des crimes et délits ainsi que par la détermination des peines telles qu'elles résultent de la loi

« Article 68-2 La Cour de justice de la République comprend quinze juges : douze parlementaires élus, en leur sein et en nombre égal, par l'Assemblée nationale et par le Sénat après chaque renouvellement général ou partiel de ces assemblées et trois magistrats du siège à la Cour de cassation, dont l'un préside la Cour de justice de la République.
« Toute personne qui se prétend lésée par un crime ou un délit commis par un membre du gouvernement dans l'exercice de ses fonctions peut porter plainte auprès d'une commission des requêtes.
« Cette commission ordonne soit le classement de la procédure, soit sa transmission au procureur général près la Cour de cassation aux fins de saisine de la Cour de justice de la République.
« Le procureur général près la Cour de cassation peut aussi saisir d'office la Cour de justice de la République sur avis conforme de la commission des requêtes.
« Une loi organique détermine les conditions d'application du présent article. »


Section III
Dispositions transitoires

Article 5.

Le titre XVI de la Constitution est complété par un article 93 ainsi rédigé :
« Art. 93.  Les dispositions de l'article 65 et du titre X, dans leur rédaction issue de la loi constitutionnelle n° 93-952 du 27 juillet 1993, sont applicables aux faits commis avant son entrée en vigueur. »
La présente loi sera exécutée comme loi de l'État.

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Jean-Pierre Maury