Cablogramme du 12 mars 1916.
Organisation des territoires occupés de l'Ancien Cameroun.
Déclaration Franco-Britannique du 10 juillet 1919.
Dès le début de la Grande Guerre, Britanniques, Français et Belges envahissent les possessions africaines de l'Allemagne. Si le Togo est conquis en trois semaines, les opérations au Cameroun ne se termineront que le 20 février 1916. Le Cameroun est alors partagé de facto le 4 mars 1916 : sa partie occidentale revient à la Grande-Bretagne, sa partie orientale plus grande à la France, qui récupère aussi les territoires qu'elle avait cédés à l'Allemagne en 1912, pour obtenir la reconnaissance du protectorat français sur le Maroc.
Ce partage est confirmé en 1919, lorsque le Cameroun, en application du traité de Versailles est placé sous la régime du mandat B par la Société des Nations. La déclaration de Londres ci-dessous détermine le plan de partage qui est approuvé par la SDN le 20 juillet 1922. En 1946, le régime du mandat est remplacé par le régime de la tutelle, plus contraignant.
Voir le mandat français sur le Cameroun oriental.
Voir le mandat britannique sur le Cameroun occidental.
Source : JORF, 7 septembre 1921, p. 417. Journal officiel de la Société des Nations, août 1922, p 874.
Cablogramme du 12 mars 1916.
« a) Accord nous charge administration presque totalité Cameroun à exclusion :
« 1° Zone voisine Nigeria dont limite est formée d'abord par ligne droite fixée de Yola à Uro-Mali, puis la ligne aussi droite que possible de Uro-Mali à baie Bimbia, nous laissant Banyo, Fumban, Baré et totalité ligne chemin de fer Baré-Bonabéri ;
« 2° Enclave correspondant à partie Bornou incorporée dans Cameroun de façon à réunir tout territoire dépendant Emir. Cette enclave fait demi-cercle partant de Wilgo sur Tchad, passant par Kutelaha, Woma, Nagissa, Isaga dans direction Kabairi (carte anglaise au 2 millionième).« b) Il est décidé, en outre, que détails relatifs au retrait des troupes et de l'administration anglaise des territoires remis à notre administration ainsi que répartition des prises faites et taxes perçues par autorités franco-anglaises seront réglés sur place par vous et Dobell. Vous recevrez par courrier texte accord dont avez partie essentielle.
« c) J'ai décidé qu'administration dont sommes chargés serait réglée de façon suivante :
« 1° Territoire cédé en 1911 et constituant nouveau Cameroun continuera à être administré par l'Afrique équatoriale française comme territoires occupés ;
« 2° Territoires Cameroun proprement dit, sauf zones anglaises ci-dessus indiquées, constitueront territoires occupations indépendants Afrique équatoriale française et relèveront Département.
« Provisoirement vous serez chargé comme commissaire du Gouvernement direction générale de ce second territoire. Vous pouvez prendre dès maintenant toutes décisions. Je vous notifierai prochainement texte fixant pouvoirs. »
Organisation des territoires occupés de l'Ancien Cameroun.
En vertu des dispositions du Gouvernement de la République française, et des prescriptions contenues dans le télégramme du ministre des colonies en date du 12 mars 1916, les territoires du Cameroun proprement dit (à l'exclusion de la zone placée sous l'admiistration anglaise et des régions dites du "Nouveau Cameroun" cédées à l'Allemagne en 1911), ont été constituées en un territoire d'occupation, indépendant de l'Afrique équatoriale française.
Par décret en date du 7 avril 1916, le général Aymerich est nommé Commissaire de la République française au Cameroun et chargé, en cette qualité, de l'administration des territoires occupés par les troupes françaises. Il relèvera directement du ministre des colonies.
Les territoires du Cameroun ayant fait partie entérieurement de l'Afrique équatoriale française seront administrés par M. Merlin, gouverneur général de l'Afrique équatoriale française en qualité ce Commissaire de la République française pour lesdits territoires.
Source : Journal officiel des territoires occupés de l'Ancien Cameroun, 1re année, n° 1, 1er novembre 1916, p. 1.
Déclaration Franco-Britannique du 10 juillet 1919.
Les soussignés :
Le vicomte Milner ; secrétaire d’état du ministère des colonies de la Grande-Bretagne,
M. Henri Simon, ministre des colonies de la République française,
sont tombés d’accord pour déterminer la frontière séparant les territoires du Cameroun respectivement placés sous l’autorité de leurs gouvernements, ainsi qu’elle est tracée sur la carte Moisel au 1/300.000e annexée à la présente déclaration et définie par la description en trois articles également ci-jointe.
(Signé) Milner
Henry Simon
Londres, le 10 juillet 1919.
Description de la frontière franco-britannique
tracée sur la carte Moisel du Cameroun à l’échelle 1/300.000eArticle premier.
La frontière partira du point de rencontre des trois anciennes frontières britannique, française et allemande placée dans le lac Tchad à 13° 05’ de latitude nord et approximativement 14° 5’ de longitude est de Greenwich. De là, la frontière sera déterminée de la façon suivante :
1. Par une ligne droite jusqu’à l’embouchure de l’Ebeji ;
2. De cette embouchure, par le cours de la rivière Ebeji, qui porte en amont les noms de Lewejil, Labejed, Ngalerem, Lebeit et Ngada, jusqu’au confluent des rivières Kalia et Lebaiit ;
3. Du confluent des rivières Ngada, Kalia et Lebaiit, par les cours de la rivière Kalia ou Ame, jusqu’à son confluent avec la rivière Dorma ou Kutelaha (Koutelaha) ;
4. Du confluent des rivières Kalia et Dorma oi Kutelaha, par le cours de cette dernière rivière, qui porte en amont le nom d’Amjoumba (Amyoumba), le village de Woma et ses dépendances devant rester à la France ;
5. Du point, où s’interrompt la rivière Amjoumba, à l’entrée du marécage, par une ligne traversant ce marais et en rejoignant le cours d’eau qui paraît être la suite de la rivière Amjumba et qui, en amont, porte les noms de Sera-Hadja, Goluwa (Golouva) et Mudulawa (Moudoukva), le village de Uagiso devant rester à la Grande-Bretagne ;
6. Par le cours de cette dernière rivière jusqu’à son confluent avec la rivière Gatagule (Gatagoule) ;
7. De ce confluent, par une ligne vers le sud-ouest gagnant la ligne de partage des eaux entre le bassin du Yedseram, à l’ouest et les bassins de la Madukwa et de la Benué (Bénoué), à l’est ; puis, par cette ligne de partage des eaux, jusqu’au mont Mulikia (Moulikia) ;
8. Du mont Mulikia jusqu’à la source du Tsibakiri, par une ligne à déterminer sur le terrain, de façon à laisser le village de Dume (Doumo) à la France ;
9. Par le Tsibakiri jusqu’à son confluent avec le Mao Tiel, près du groupe de villages de Luga (Louga) ;
10. Par le cours du Mao Tiel jusqu’à son confluent avec la rivière Benué (Bénoué) ;
11. Par le cours de la Benué, en amont, jusqu’à son confluent avec le Faro ;
12. Par le cours du Faro jusqu’à l’embouchure de son bras, le Mao Hesso situé à peu près à 4 km sud de Chikito ;
13. Par le cours du Mao Hesso jusqu’à la borne n° 6 de l’ancienne frontière Germano- Britannique ;
14. Par l’alignement partant de cette ancienne borne n° 6 et qui, passant par la borne n° 7, aboutit à l’ancienne borne n° 8 ;
15. De cette borne n° 8, par une ligne vers le sud-ouest gagnant de la ligne de partage des eaux de la Benoué, au nord-ouest, et du Faro, au sud-est, qu’elle suivra jusqu’à un point situé sur l’Hoserre Banglang et qui se trouve à environ 1 km au sud de la source du Mao Kordo ;
16. De ce dernier point, au confluent du maïs et du Mal Ngonga et du Mao Deo, par une ligne à déterminer sur le terrain, de façon à laisser à la France le village de Laro, ainsi que la route de Bare à Fort-Lamy ;
17. Par le Mao Deo jusqu’à son confluent avec le Tiba ;
18. Par le Tiba, qui, en amont, porte les noms de Tibsat ou Tussa (Toussa), jusqu’au confluent de cours d’eau venant de l’ouest et situé à environ 12 km au sud-ouest de Kontscha (Kontcha) ;
19. Par une ligne partant de ce point, se dirigeant faire le sud-ouest et gagnant le sommet du Dutschi- Djombi (Doutchi-Djombi) ;
20. De ce sommet, par la ligne de partage des eaux entre les bassins du Taraba, à l’ouest, et du Mao Deo, à l’est, jusqu’en un point sur les Tchape Berge (montagnes du Tchape) à 2 km environ au nord-ouest de la Tchape Pass (passe du col du Tchape), qui est situé à la coté 1541 ;
21. De ce point, par une ligne gagnant les Gorulde Berge (montagnes de Goroulde), de façon à laisser la route de Bare à Fort-Lamy à environ 2 km à l’est ;
22. Des Gorulde Berge, par la ligne de partage des eaux entre la Gamgam et la Jim, les bassins de la Benué et de la Sanaga, et la Kokumbahun et l’Ardo (Ntuli), jusqu’à l’Hossere Jadji (Yadji) ;
23. De ce point, par une ligne gagnant la source de la rivière Mafu (Mafou) ;
24. Par la rivière Mafu jusqu’à son confluent avec la rivière Abe ;
25. Par la rivière Babe ou Tsang, en amont, jusqu’au point de rencontre de la limite ethnique des pays Bansso et Bamum (Bamoum) ;
26. De ce point au confluent des rivières Mpand et Nun (Noun), par une ligne à déterminer sur le terrain, de façon a laisser le pays Bansso à la Grande-Bretagne et le pays Bamum à la France ;
27. Par la rivière Nun jusqu’à son confluent avec la rivière Tantam ;
28. Par la rivière Tantam et son affluent, qui est alimentée par la rivière Sefu (Sefou) ;
29. Par la rivière Sefu jusqu’à a source ;
30. De la source de la rivière Sefu par une ligne vers le sud-ouest gagnant près de sa source, à l’est de la cote 1300, le cours d’eau non dénommé, qui coule dans le Mifi-Nord en aval de Bali-Bangam ;
31. Par ce cours d’eau jusqu’à son confluent avec la rivière Mifi-Nord, laissant à la France le village de Gascho (Gacho) dépendant du petit pays de Bamenjam ;
32. Par la rivière Mifi-Nord jusqu’à son confluent avec la rivière Mogo ou Doschi (Dochi) ;
33. Par la rivière Mogo jusqu’à sa source ;
34. De la source de la rivière Mogo, ou Doscho, par une ligne vers le sud-ouest gagnant la ligne de faîte du Bambuto Gebirge (monts Bambouto), et suivant enfin la ligne de partage des eaux entre les bassins de la Cross River et le Mungo, à l’ouest, et de la Salaga et le Wuri, à l’est, jusqu’au mont Kupe (Koupe) ;
35. Du mont Kupe, par une ligne gagnant la source de la rivière Bubu (Boubou) ;
36. Par la rivière Bubu, qui, d’après la carte allemande, paraît se perdre pour, peut-être, reparaître sous le nom d’Ediminjo (Edininyo), que la ligne frontière suivra jusqu’à son confluent avec le Mungo (Moungo) ;
37. Par le cours du Mungo jusqu’à son embouchure placée sur une ligne passant à la latitude de 4° 2’ 30" ;
38. Par le parallèle de 4° 2' 30", vers l’ouest, de manière à gagner la côte au sud de Tauben II (îles des pigeons) ;
39. Par une ligne suivant la côte passant au sud de Reiher I (île Reiher) et aboutissant à la Mokola Krick (crique de Mokola), en laissant ainsi à la Grande-Bretagne le Möwe See (lac de la Mouette) ;
40. De ce point, par une ligne suivant les rives est des criques Mokola, Mbakwele (Mbakvele), Njubanan-Jau (Nyoubanan-Yaou) et Matumai (Matoumai) et coupant les embouchure des criques Mbossa-Bombe, Mikanje, Tende, Victoria et de celles non dénommées, jusqu'au point de rencontre des criques Matumai et Victoria ;
41. De ce ce point, par une ligne faisant avec le sud un angle 35° ouest, jusqu’à l’océan Atlantique.
Article 2.
1. Il est entendu qu’au moment de la détermination sur le terrain de la frontière, lorsque l’indication des lignes naturelles à suivre ne sera pas mentionnée dans la présente description, les commissaires des deux gouvernement devront s’attacher, autant que possible, à déterminer le tracé par des accidents naturels de terrain (cours d’eau, ligne de faîte ou crête). Ils ne sauraient changer, toutefois l’attribution des villages mentionnés à l’article premier.
Les commissaires chargés de l’abornement seront, d’autres part, autorisés à apporter au tracé de la frontière les modifications légères qui apparaîtrait nécessaire en vue d’éviter de séparer les village de leurs terrains de culture, ces déviations devant être indiquées clairement sur des cartes spéciales et soumises à l’approbation des deux gouvernements intéressés. Toutefois, en attendant qu’elles soient approuvées, elle seront provisoirement valables.
2. En ce qui concerne les routes désignées à l’article premier, les seules qui puissent être prises en considération pour l’établissement de la frontière sont celles indiquées sur la carte ci-jointe.
3. Quand la ligne frontière est un cours d’eau, c’est la ligne médiane qui forme la limite.
4. Il est entendu que si les habitants fixés près de la frontière exprimaient dans un délai de six mois à partir de l’achèvement des opérations d’abornement sur place l’intention de s’établir dans les régions placées sous l’autorité française ou inversement dans les régions placées sous l’autorité britannique, aucun empêchement ne serait apporté à la réalisation de ce désir, et il leur serait accordé le délai nécessaire pour enlever les récoltes sur pied et, d’une façon générale, pour emporter tous les biens dont ils sont les propriétaires légitimes.
Article 3.
La carte qui a servi pour décrire la frontière est la carte Moisel au 1/300.000.
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