Ces psalmodistes sont dans leur rôle. Tremblant la peur devant les revendications sociales, mais trop attachés à un mandat qui leur vaut honneur et profit pour oser les combattre de front, ils ont cherché un homme qui eût du courage pour eux et qui voulût assumer les responsabilités devant lesquelles ils se dérobent.
Ils ne pouvaient trouver pour cette besogne un nom plus significatif que celui de Casimir-Périer : un personnage mieux désigné que le petit-fils du mitrailleur de Lyon, que le riche actionnaire d'Anzin, dans les coffres duquel la sueur et la souffrance de générations de mineurs honteusement exploités ont fait tomber quarante millions.
Après avoir choisi l'homme et l'avoir hissé au pouvoir, il s'agissait de l'armer. MM. Deschanel, Jules Roche, Joseph Reinach, -- je ne cite que les protagonistes, -- ont lutté de sophismes pour établir que le président de la République jouissait d'un pouvoir personnel extérieur et supérieur aux droits des ministres, que le respect même de la Constitution lui faisait un devoir de ne pas le laisser tomber en quenouille.
C'est le succès de leur thèse que leurs amis et eux saluaient en accueillant par une triple salve d'applaudissements la fin du message de leur élu.
A merveille.
Mais puisqu'il est entendu que l'Élysée a désormais une politique et une volonté, qu'il soit en même temps entendu que c'est le droit et le devoir des élus du suffrage universel de discuter cette volonté et cette politique personnelles.
Nous avons commencé hier. Nous continuerons.