Confédération suisse


Pacte du 1er août 1291

    Le pacte du 1er août 1291 est considéré comme l'acte fondateur de la Confédération helvétique. Les habitants des trois vallées d'Uri, de Schwyz et d'Unterwald, opprimés par les baillis des Habsbourg, jurent de mettre fin aux exactions dont ils sont victimes. Il se confond avec la tradition du serment des Trois Suisses qui en rapporte l'origine. Arnold de Mechtal, d'Unterwald, veut punir le bailli venu confisquer les boeufs de son père. Il rejoint, dans la prairie de Rütli ou Grutli, au-dessus du lac des Quatre-Cantons, Walter Stauffacher, de Schwyz, et Walter Fürst, d'Uri, qui serait le beau-père de Guillaume Tell, bientôt célèbre pour ses prouesses légendaires. Accompagnés chacun de dix hommes, ils prêtent serment de libérer les Waldstätten, les cantons forestiers. Ce pacte, confirmé et enrichi par les convenants ultérieurs de Brunnen (1315), de Sempach (1393) et de Stans (1481), permet de réaliser une alliance pérenne, illustrée par de nombreux combats victorieux contre les Habsbourg, progressivement étendue à d'autres communautés, urbaines ou rurales, pour donner naissance à la Suisse des 8, puis des 13 et des 19 cantons. On notera au début du texte la mention des landsgemeinde, ces assemblées souveraines des citoyens des cantons démocratiques, qui ne subsistent plus, au début du XXIe siècle, qu'à Glaris et Appenzell Rhodes-Intérieures. L'original du pacte est en latin. En 1891, à l'occasion du septième centenaire, l'événement a été célébré pour la première fois. C'est l'origine de la fête nationale suisse fixée arbitrairement au Premier août.
Voir le pacte de Brunnen, 1315.
Voit le convenant « des prêtres », 1370.
Voir le convenant de Sempach, 1393.
Voir le convenant de Stans, 1481.
Voir l'acte de médiation de 1803.

Voir l'acte fédéral de 1815.
Voir la Constitution de 1848.
Voir la Constitution de 1874.
Voir la Constitution de 2000.

Au nom du Seigneur, amen.
     C'est accomplir une action honorable et profitable au bien public que de confirmer, selon les formes consacrées, les mesures prises en vue de la sécurité et de la paix.

     Que chacun sache donc que, considérant la malice des temps et pour être mieux à même de défendre et maintenir dans leur intégrité leurs vies et leurs biens, les gens de la vallée d'Uri, la Landsgemeinde de la vallée de Schwytz et celle des gens de la vallée inférieure d'Unterwald se sont engagés, sous serment pris en toute bonne foi, à se prêter les uns aux autres n'importe quels secours, appui et assistance, de tout leur pouvoir et de tous leurs efforts, sans ménager ni leurs vies ni leurs biens, dans leurs vallées et au dehors, contre celui et contre tous ceux qui, par n'importe quel acte hostile, attenteraient à leurs personnes ou à leurs biens (ou à un seul d'entre eux), les attaqueraient ou leur causeraient quelque dommage. Quoi qu'il arrive, chacune des communautés promet à l'autre d'accourir à son secours en cas de nécessité, à ses propres frais, et de l'aider autant qu'il le faudra pour résister à l'agression des méchants et imposer réparation du tort commis.

     C'est ce que, par le geste consacré, ils ont juré d'observer en toute loyauté, renouvelant par le présent traité le texte de l'ancien pacte corroboré par un serment ; sous réserve que chacun, selon sa condition personnelle, reste soumis, comme il convient, à son seigneur et lui rende les prestations auxquelles il est tenu.

     De même, après commune délibération et d'un accord unanime, nous avons juré, statué et décidé que nous n'accepterons et ne reconnaîtrons en aucun cas dans les dites vallées un juge qui aurait payé sa charge de quelque manière, soit en argent soit à quelque autre prix, ou qui ne serait pas de chez nous et membre de nos communautés.

     Si d'autre part un conflit surgit entre quelques-uns, les plus sages des confédérés doivent intervenir en médiateurs pour apaiser le différend de la façon qui leur paraîtra efficace; et les autres confédérés doivent se tourner contre la partie qui repousserait leur sentence.

     Outre tout cela ils ont établi un statut commun stipulant que celui qui, criminellement et sans provocation, commettra un meurtre, sera, si on a pu se saisir de lui, puni de mort comme son crime infâme l'exige; à moins qu'il ne puisse prouver qu'il est innocent; et s'il réussit à s'échapper, il lui est à jamais interdit de revenir au pays. Ceux qui accorderont abri ou protection au dit malfaiteur doivent être expulsés des vallées, aussi longtemps qu'ils n'auront pas été expressément rappelés par les confédérés.

     Si quelqu'un, de jour ou dans le silence de la nuit, met criminellement le feu aux biens d'un confédéré, on ne doit plus jamais le considérer comme membre d'une de nos communautés. Et celui qui, dans nos vallées, prendrait le parti du dit malfaiteur et le protégerait devra indemniser la victime.

     De plus, si l'un des confédérés en dépouille un autre de ses biens ou lui cause n'importe quel autre dommage, les biens du coupable que l'on pourra saisir dans les vallées doivent être mis sous séquestre pour dédommager la victime conformément au droit.

     En outre, nul n'a le droit de saisie envers un autre confédéré, à moins que celui-ci ne soit notoirement son débiteur ou ne se soit porté caution envers lui ; et il ne doit le faire qu'en vertu d'un prononcé spécial du juge.

     Outre cela, chacun est tenu d'obéir à son juge et doit, s'il est besoin, indiquer de quel juge il relève dans la vallée. Et si quelqu'un refuse de se soumettre au jugement rendu, et que l'un des confédérés subisse quelque dommage du fait de son obstination, tous les confédérés sont tenus de contraindre à réparation le récalcitrant.

     Et surgisse une querelle ou une discorde entre quelques confédérés, si l'une des parties se refuse à tout arrangement par voie judiciaire ou par accommodement, les confédérés sont tenus de prendre fait et cause pour l'autre partie.

     Les décisions ci-dessus consignées, prises dans l'intérêt et au profit de tous, doivent, si Dieu y consent, durer à perpétuité; en témoignage et confirmation de quoi le présent acte, dressé à la requête des prénommés, a été muni des sceaux des trois communautés et vallées susdites.

Fait en l'an du Seigneur 1291 au début du mois d'août.

Sceau de la communauté de Schwytz.
Sceau des gens de la vallée d'Uri.

Sceau de la communauté des gens de Stans et de la Vallée supérieure.


Pour obtenir davantage d'informations sur le pays et sur le texte ci-dessus,
voyez la fiche Suisse.
©-2002 - Pour toute information complémentaire, pour signaler une erreur, pour correspondre avec nous,
adressez-nous un message électronique.

[ Haut de la page ]
Jean-Pierre Maury